Cette exposition collective réunit le travail de Thomas Besset, Sofía Bonilla Otoya et Nina Jayasuriya, récemment diplomé·e·s de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, et ayant étudié au sein de l’Atelier de Julien Creuzet entre 2022 et 2023.
Trois pratiques artistiques s’entremêlent. Un jardin se fait terrain de passage de formes aux confluences du vivant, du mécanique, du sacré. Réplique d’autels précaires jouxtant nos quotidiens de rituels discrets, la céramique émaillée s’insère dans l’espace dès son seuil et souligne le caractère magique de toute transmission, de tout partage de savoirs. Dans le monde végétal, communiquer c’est offrir à l’autre une partie de soi. La pollinisation nous apprend la grâce immatérielle du don. Alors, tandis que les spores poudrés se répandent sur le sol en un tapis d’éclosion doré, des fleurs de plomb jonchent un paysage mouvant, vivant, où l’on peut écouter les œuvres respirer. Le pistil de cuivre et de plastique, évocateur du larynx et de ses jeux de salive, active les sons gutturaux communicants et incarne les mécanismes du langage, de l’articulation.
Les vers que le titre emprunte à la poétesse Amina Saïd* énoncent une lecture transitionnelle du monde. Lecture qui souligne les multiples passages, mouvances, et transformations le traversant, qui se fait le reflet de celle que Nina Jayasuriya, Sofía Bonilla Otoya et Thomas Besset esquissent. Indices dans chacune de leurs œuvres, les eaux bénites, évaporées, ou dégluties deviennent motrices des flux de savoirs qui circulent. Au sein de l’exposition, elles se font métaphores implicites du mouvement perpétuel de la relation à ce qui nous entoure, autant qu’à soi-même. La galerie devient lieu commun, espace physique et mental de transmission, où les paysages se rencontrent en nous.
Résonance avec l'esthétique d’Édouard Glissant, le moi, le langage, le monde, entrent en collision. Cette dynamique relationnelle, héritée du penseur Martiniquais, accompagne autant qu’alimente l’articulation d’une identité perméable et d’une pratique artistique.
Thomas Besset
Thomas Besset (1998, Clamart) vit et travaille à Paris. Ses œuvres sculpturales récentes, parfois sonores, incarnent des entités hybrides, entre os, fleurs, corps et plantes, qui interrogent la frontière entre l'inerte et le vivant.
*Amina Saïd, Paysages, nuit friable, op.,cit. (Vitry : Inéditions Barbares, 1980): p. 31.